L’océan, frontière naturelle de
Mozambique, l’ethnie Vezo n’échappe pas à cette voie. De Lavanono au Sud-Ouest,
jusqu’au Moyen-Ouest au Nord de Morombe, elle navigue, pagaye, se laisse emporter
par le « Tsioka » ( le vent). A bord de leur « Laka »
(leur pirogue), leur seul moyen de communication avec toute civilisation
terrienne, seul confident de leur souci
et joie, elle affronte le quotidien d’un pecheur.
Vezo de la mer : qui ne vit que des produits halieutiques ) traverse le
territoire du faux Vezo, « le Vezom-potaka » ( le Vezo de la
boue qui vit de l’élevage et de l’agriculture) pour cherche l’arbre rare.
De nom de « Farahafatse » Givotia madagascariensis, cet arbre très léger et imputrescible
constitue l’élément de base de la vie d’un pêcheur.
hache, ce denier abat son tronc. Sans aucun instrument de mesure, uniquement un
sérieux coup d’œil, il travaille sa coque avec la même matière première, le
balancier se fait faire. Ensuite le piroguier coupe son second élément, le
« Katrafay » cedrelopsis grevei. De qualité dure et costaud, ce bois sert à
faire les mats, les clous et les rames. Apres une semaine, la pirogue est
préfabriquée . Déjà l’ambiance de fête s’annonce.
A dos d’homme ou en charrette à zébu, on transporte l’embarquement vers le
village. Le bruit circule : une pirogue arrive. Arrivée à la plage, tous les hommes de la famille
participent à l’assemblage et à l’ajustage. Quand tout est fin prêt, les
villageois fêtent l’évènement. D’abord le vieux du village qui demande la
bénédiction ancestrale. Avec l’inévitable « Toaka Gasy » rhum local
du rite malgache, il verse la part des dieux de la mer qui va protéger les
pêcheurs durant tous ses voyages. Ensuite, le propriétaire de la pirogue et son
co-piroguier, se font baptiser à l’eau de mer. Apres cet
accord « homme-mer » tout le monde inaugure la première mise à
l’eau. Les hommes trinquent et boivent, tout en appréciant le rythme du
« Tsapiky » (danse typique de la région). Demain,
piroguiers.
A la mer, que ce soit dans le lagon ou en haute mer, la pirogue n’entend
plus le cri des enfants, le chant des femmes, seules les vagues, le vent et les
oiseaux la tiennent compagnie. Le mot que souvent, elle perçoit est simple et
court : « Vezo » qui signifie pagayez et ramez.
A l’aide d’un filet minutieusement tressé, avec un cordon synthétique défibré,
ou un harpon de fer tors adapté à la malgache, le « Vezo » accepte ce
que « Zanahary » ( le dieu créateur ) lui donne. A des endroits, on
trouve sardines et thons. Entre les coraux, perroquets et poissons-chats
faufilent. La rencontre avec des crevettes et langoustes n’est pas souvent
rare. En dehors du récif, des requins se font piéger. Pendant la pêche, au
filet ou en plongée, la pirogue reste ancrée à une pierre corallienne, au
milieu de l’océan, tout en acceptant la caresse traîtresse de la houle
Avec des nomades ou non, la pirogue connaît tout le territoire de sa cote.
Elle reste le seul moyen de communication avec les gens de la terre, elle aussi
relie la vie d’ici et la maison d’ailleurs. A la mort d’un pêcheur, elle
participe à la réalisation de l’habitat de l’au-delà. Elle transporte les
pierres extraites du récif ou du fond marin pour la construction de la tombe.
Elle dit adieu à son propriétaire et dit bonjour à son héritier. Comme son bois
est de « Farahafatse » : littéralement
« dernier message , alla passera le flambeau à un autre fils de
la mer. Repeinte en goudron, elle gardera son étanchéité d’origine et naviguera
avec son nouveau maître. Et quand viendra le jour où celui-ci ira à son tour à
l’intérieur des terres pour chercher le
bois rare, elle prendra sa retraite et restera le long de la plage. Elle n’ira
plus à la mer comme son premier maitre.
Et le « Farahafatse » devient rare dans la foret, mais reste
toujours légendaire et important dans le cœur des « Vezo ». Personne
ne pourra le protéger, son destin est déjà tracé. Il sera toujours
« vezon’ny Vezo » ( pagayez par les Vezo) . Pêcheurs et pirogues
partageront longtemps la même voie : la mer, l’océan, cette frontière
naturelle de
HJL