Michael SIATOTHRO

 

Michael SIATOTHRO (prononcez Sia-Tôt-Trop) - originaire d'Ambilobe, dans le nord de la Grande Ile, et actuellement résident en France - à 54 ans nous livre un interview parcourant ses débuts en 1976 jusqu'à ses actuelles dernières compositions. Nous ne pouvons que lui en remercier.

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1-  Michael SIATOTHRO de votre vrai nom,  vous étiez et vous êtes plutôt Michaël d'Ambilobe, connu surtout avec "Ambilobe" et "Diégo-Suarez".  A quand remontaient ces deux tubes, de label Kaiamba, qui vous ont propulsé dans la cour des grands ?

Ils remontent à 1976, l’année de mes 20 ans. C’est l’âge où l’on ose tout. Je faisais partie de ceux qui, comme le grand chanteur DEDESSE, chantaient en dialecte Antankaragna, pratiqué dans le nord de Madagascar, les slows comme « Ray-aman-dreny sarôtigny ». Aujourd’hui, cela paraît naturel, car beaucoup ont pris la suite, comme Babaïque, MIKA and DAVIS, BABA et d’autres. Avec le regretté Jean FREDDY, Dédé Fénérive, Jean KELY sy BASTH, on était les premiers artistes de KAIAMBA.

2- Vous vous êtes lancé surtout dans le salegy. Mais Salegy, en un mot, c'est quoi déjà en fait ?

Le Salegy, c’est à la fois un genre musical et une danse qui proviennent de la culture traditionnelle du nord de Madagascar, mais qui aujourd’hui ont conquis tout le pays sous diverses déclinaisons telles que le Bawejy, mangaliba, kilalake … etc. C’est un peu comme le sega réunionnais, mais en beaucoup plus rapide, basé sur un rythme hypnotique qui font trémousser les hanches de manière sexy, les jeunes l’ont baptisé Kawitry aujourd’hui.

3- Avez-vous adopté d'autres rythmes aussi durant votre carrière ?

Hormis l’amour du Salegy, on le jouait parce qu’on en était fier et que c’était plutôt là que l’on excellait, pour les chansons romantiques, j’ai écrit plusieurs slows dont « Ray-aman-dreny sarôtigny » qui parlait de la sévérité des parents dans l’éducation, « Hasarotam-pianaragna » sur la difficulté de poursuivre des études. Mais aussi du séga comme « Aleloia Amen » qui rendait gloire à Dieu et « Diégo-Suarez » évidemment. 

4- Qui était votre Guru et votre source d'inspiration à l'époque et comment était votre relation avec votre public ?

A l’époque, j’écoutais beaucoup les chansons traditionnelles, comme VOLAZARA de Nosy-Be et DEDESSE et d’autres que je pouvais entendre sur l’unique Radio Nationale. Aujourd’hui, c’est hallucinant et réconfortant de voir l’existence de toutes ces radios FM et télévisions privées. Ma principale source d’inspiration, comme vous dîtes, était surtout le grand Otis REDDING, donc du rythm and blues. Et aujourd’hui, c’est Peter GABRIEL que j’adore. Quant à ma relation avec mon public, elle était plutôt cordiale et bon enfant, cela je le voyais à travers les gens que je croisais et qui chantonnaient ou sifflotaient mes chansons, mais aussi lors des concerts que je donnais - des regards de gratitude.

5- Puis il y avait un temps ou n'a plus entendu parlé de vous ? Est-ce trop indiscret de savoir les raisons ? Et comptiez-vous nous revenir avec de nouvelles chansons, un nouvel album ?

Discret ou pas, j’en sais rien … chacun voit midi à sa porte. J’ai sombré dans le silence médiatique, parce qu’il fallait que je quitte définitivement Madagascar, que je m’installe en France et que je fasse venir ma femme et mes deux enfants - à l’époque car aujourd’hui j’en ai trois,  que je trouve mes marques, et il n’ y a pas photo, j’ai eu beaucoup de mal à gérer tout ça. Oui, je compte revenir avec des nouvelles chansons, il y en a trois sur le site ZicMeUp

http://www.zicmeup.com/artiste/michaelsiatothro/

http://www.zicmeup.com/artiste/michaelsiatothro/cv

http://www.zicmeup.com/artiste/michaelsiatothro/photos

Je prépare en ce moment un nouvel album.

6- Pendant tous ce laps de temps, ne me dites pas que vous avez laissé de côté votre guitare. Avez vous participé quand même à des manifestations culturelles, festival ou autres ?

Non, je n’ai pas complètement laissé de côté ma guitare, j’ai toujours continué à composer de nouveaux titres. J’ai animé des bals et des manifestations culturelles, mais pas de festival.

7- En tant qu'artiste et gardien d'un patrimoine qu'est le Salegy, auriez vous un message à laisser à nos lecteurs, nos auditeurs et aussi aux jeunes talents malgaches ?

Artiste et gardien d’un patrimoine le Salegy, ah la la !!! … c’est trop lourd à porter tout ce que vous dîtes là. J’ai essayé, j’essaie et j’essayerai toujours d’apporter ma contribution dans la chanson malgache. Je garde espoir que vos lecteurs et vos auditeurs ne soient pas déçus et qu’ils me soutiennent, serait-ce en pensée, pour que je puisse revenir leur donner un peu de joie et de bonheur. Quant aux jeunes talents malgaches, qu’ils continuent sur leur lancée, ils sont sur la bonne pente.

Merci Michael, et nous vous souhaitons bonne semence dans le champ de notre culture.

Merci à vous.

 

 

Vous trouveriez aussi ici un "interview exclusif du pionnier de la musique Salegy de Madagascar. © Swap Media, mars 2010" :   http://www.youtube.com/watch?v=f9s7IxFOIqE

Bonne (re)-découverte !

 

 

Rondro Volantsoa