A notre Hoby, notre Landy, notre rockeuse à la Hache.

 

RadioVazoGasy - tout comme le monde culturel malgache ; tout comme le rock malgache, surtout le groupe Famaky ; tout comme la famille et les amis de Hoby Landy Rajaonarison - n'en revient pas encore de sa tragique disparition dans la soirée du 26 janvier 2019 dernier.

Très sociable, Landy est une personne à aimer tout simplement, qu'on aime le rock ou non. Elle a gagné sa popularité par son amitié toujours disponible et sans calcul. 

Pour elle, nous avons préféré donner de l'espace aux personnes qui l'ont beaucoup cotoyée pour lui rendre ce qu'elle nous a donné abondamment. Nous remercions infiniment Syntia pour ce poignant hommage et Vero Adonis pour ce portrait qui nous rappelera à jamais ses sempiternels gestes de rockeuse : les doigts en ILY (I Love You) et la langue tirée... sacrée Landy !

Landy a beaucoup donné à Serasera.org et RadioVazoGasy. Misaotra indrindra dia soava dia ry akamanay ! Ary aza be tabataba Any Ambony Any fa ho fotsy tsy fidiny ao ny volon'i Masindahy Piera cheeky

 

Rondro Volantsoa

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Chère Hoby, 

voilà maintenant une semaine, ma Hoby, que tu es partie. Rondro m’a demandé de coucher quelques lignes sur toi, alors je me lance. D’abord, je vais parler de toi en général, ton parcours scolaire, ensuite ton parcours musical, tes liens avec les autres ainsi que le monde et ce fameux jour du 26 janvier 2019 où tu nous as quitté. 

Commençons par ton parcours scolaire, le peu que je sache. Tu as eu ton bac à 15 ans au Collège Saint-Michel, Antananarivo et tu as eu un doctorat en Sciences-Po à Paris. En somme, Tu étais une femme très intelligente. En plus de ton intelligence, tu étais une personne très altruiste. Ton altruisme, t’as conduit à travailler pour une association. Tu étais également membre de plusieurs assos (avec tous ces sigles, je n’en connaissais qu’ASM) et tu en aidais beaucoup comme CEFMAD, etc. 

Les gens te connaissaient en tant que chanteuse de Famaky. Mais tu es bien plus que ça pour tes proches et pour ma part. La musique rythmait ta vie, en plus d’être chanteuse tu étais musicienne, tu jouais du violon. J’adorais t’écouter chanter mais le point que j’aimais le plus, c’était ton charisme et ton aisance à t’exprimer. Je n’ai jamais eu l’occasion de te voir en jouer, du violon, mais je savais que tu jouais bien. Tu mangeais, buvais et vivais musique. D’ailleurs, le Pôle Musical d’Orgement (PMO) était ton quartier général (QG). Tu étais une acharnée du travail. 

Nous concernant, c’est le rock, la musique qui nous a réuni. Alors, je vais donc parler de notre rencontre. Je t’ai connue dans le milieu du Rock malagasy en tant qu’amie de mon grand-frère, il y a environ plus d’une douzaine d’année. On se parlait déjà à cette époque mais j’étais encore un peu timide, ne voulant pas m’approprier les amis mon frère aîné. Notre belle amitié a vraiment débuté quand j’ai créé mon groupe à l’époque, les Side Effect’s. Tu nous as soutenu sans aucune hésitation. Tu venais à mes concerts et moi je venais aux tiens. On allait également soutenir des amis de toutes les influences : Rock malagasy ou français, Jazz, Slam etc, bien que nous évoluions dans le Rock français et malagasy. Tu soutenais bien plus ces artistes que moi car toi tu répondais toujours présente. D’ailleurs, lors de ma première victoire pour un concours tremplin avec les Stone Chronicles, tu étais présente comme à ton habitude. C’était tout toi ça, tu accordais de l’attention et tu étais à l’écoute pour tous. 

Outre la musique, je voyais en toi beaucoup de point commun : l’amour de la famille, l’amour des engagements et la fidélité en amitié. Pour toi la famille était très importante. Tu étais une tata et une marraine juste, à l’écoute avec beaucoup d’amour. Tu me parlais souvent de ta nièce Maeva, à quel point tu voulais la voir réussir parce que tu t’inquiétais pour son avenir et moi je te parlais de mes enfants, de ma famille et de mes tracas quotidiens. Tu trouvais les mots juste pour apaiser, tu ne faisais pas que parler, tu joignais aussi l’acte à la parole. Quand tu t’engageais, tu tenais parole. Je te voyais aider beaucoup les jeunes et les grands artistes malagasy. Je me souviens quand tu voulais aider Caylah, une jeune slameuse malagasy, tu souhaitais absolument l’accompagner à l’aéroport. Tu m’as demandé ma voiture avec beaucoup de gêne mais je t’expliquais qu’il ne fallait pas, si c’était toi je dirai toujours oui. Quand il fallait la récupérer tu étais en retard comme à ton habitude. Je me souviens comment tu as peiné pour arriver à temps au rendez-vous. C’est tout toi ça. Le sourire me vient aux lèvres en évoquant cette histoire car c’est comme si je voyais en direct ton fou rire. Le retard est évidemment un de tes défauts. 

J’en arrive à cette journée où tu étais partie, on avait rendez-vous. Au début, ayant l’habitude de tes retards, je ne me suis pas souciée mais ne te voyant pas répondre à mes textos et à mes appels - chose que tu ne faisais jamais - je pensais d’abord que quelqu’un t’avait volé ton portable mais plus la soirée avançait plus l’étau se resserrait sur un funeste dessein. Ce soir du 26 janvier 2019, voyant ton corps sans vie, j’ai perdu une part de moi. J’ai revu tous nos moments de galère, tous nos fous rires, tous ce qu’on a vécu, partis en fumée. J’ai réalisé que je ne te reverrai plus. Te voyant là, endormie pour l’éternité, toutes ces pensées défilaient en l’espace de quelques fractions de seconde. J’étais terrassée, tétanisée, la peur m’avait envahie. 

Une semaine est passée mais je sais que la vie, après ton départ, sera à jamais différente. Pour conclure - « la perte est dure pour ceux qui restent » - cette phrase maintenant raisonne comme une évidence, je ne la comprends que de trop. Chaque mot, chaque respiration trouve une autre dimension aujourd’hui, qu’hier je n’avais pas. 

 

Syntia Randria

 

 

[Photos vignette et avec Syntia : © Mika Sarry]